Ayant vécu intensément l'époque précédent le passage de l'analogique,(bande, cassettes, vinyles) au numérique ( DAT, CD), je n'ai jamais lu , mais je n'ai pas la prétention d'être exhaustif, de comparatifs mettant en opposition le vinyle de ma jeunesse, et la gravure sur bakélite, voire sur cire, des générations passées.
Les premiers enregistrements audio conservent en eux ce qui a fait défaut pendant des siècles: la mémoire de l'interprétation, qui a tant fait débat, et continue encore actuellement de le faire. Que de querelles intéressantes, parfois stériles, notamment durant le "renouveau" de l'intérêt du Baroque et de la Musique Ancienne qui ne gardaient que des traces écrites, mais malheureusement aucun témoignage que l'on puisse écouter. Ce sont donc de précieux éléments musicologiques et ethno-musicologiques que ces instants enregistrés. Mais c'est tout.
Si on peut ressentir une émotion nostalgique en
écoutant les cylindres portant la voix du Caruso en 1902, l'effort
d'adaptation physiologique de l'oreille pour se débarrasser des
parasites est indiscutable. Et il faut se dire que cet effort est
identique, même si il est de moins forte intensité, quand on compare,
sans instruments de mesure, uniquement avec son oreille , une
restitution analogique ( vinyle, bande magnétique) face à du numérique.
D'autant que maints systèmes que l'on écoute (entend?) sont loin d'avoir
une qualité audio correcte. On devient alors des réservoirs de mauvais
automatismes d'analyse grâce à ce qui nous est servi quotidiennement dès que l'on
tourne un bouton ou que l'on décroche son téléphone: la médiocrité
s'installe beaucoup plus vite à demeure que l'excellence, la captation
d'information par processus répétitif, du moins pour la forme, faisant
partie de l'attirail animal instinctif de notre espèce biologique. Rentre alors en jeu le processus de comparaison guidé par notre propre expérience, ce qui n'est pas nécessairement le plus objectif.
Après, on peut toujours jouer la mauvaise foi en se croyant "bioniquement" supérieur, mais cela s'échappe du domaine scientifique pour rentrer dans celui de la croyance.Il n'y a alors aucune difficulté à sortir de son chapeau des arguments fantasques, l'imagination sans bornes étant aussi une caractéristique du fonctionnement de la matière grise humaine.
Quant à l'apport de la preuve par la mesure physique de ses propres sentiments, j'attends avec impatience!