jeudi 25 août 2022

Review et test amplificateur FDA TECHNICS SU-C700 EG-S




REVIEW du Technics SU-C700 EG-S : un véritable choc auditif

Le Technics SU-C700 est un gros bébé par rapport à la plupart des amplis que j'ai eu en écoute récemment tels que le Teac AX505, mais sa largeur est inférieure au standard... donc il est relativement compact au final, si on le compare aux amplis de sa gamme. la construction est en alliage d'aluminium "massif", une finition surprenante, inhabituelle à ce niveau de prix, ça me fait penser à certains matériels audiophiles italiens inabordables.



Je le compare ici à l'excellent Denon 1055R, au TEAC AX505, utilisant un module Hypex haut de gamme, et également au petit mais très puissant Classe D Ayima A07 (avec son alimentation 48V / 10A et des amplificateurs opérationnels OPA LM4562).

Le Technics SU-C700 est un pur FDA, pas besoin de DAC. Je l'attaque donc directement via la sortie optique de mon récepteur LDAC. C'est une électronique JENO "propriétaire Technics" à composants discrets, pas de circuit FDA Texas Instruments ou STMicroelectronics... ne pas chercher d'équivalence sur le marché : il n'y en a pas. Technics affirme qu'il comporte un circuit de réduction du jitter (gigue) qui élimine la gigue sur toute la gamme de fréquences audibles. 

Lors de sa première mise sous tension j'ai lancé immédiatement le calibrage LAPC (Load Adaptative Phase Calibration) : un algorithme de traitement du signal pour optimiser la réponse amplitude/phase du système sensé linéariser la réponse globale du couple amplificateur - enceintes pour une restitution plus fidèle sur l'ensemble du spectre. Durant 10 minutes l'ampli envoi une série de pulsations de différentes fréquences à gauche et à droite, puis le voyant LAPC s'allume. On peut ensuite l'activer ou le désactiver via la télécommande, qui commande également le volume motorisé et quelques autres fonctions.


Les explications de Technics concernant le calibrage LAPC :

L'impédance d'un haut-parleur n'est pas constante selon la fréquence, mais idéalement l'amplificateur doit piloter les enceintes sans être affecté par ces variations d'impédance. Dans un amplificateur numérique, un LPF (filtre passe-bas) est nécessaire après le transistor de sortie pour la suppression des harmoniques de commutation haute fréquence, donc les caractéristiques de fréquence sont plus perturbés que dans un amplificateur analogique. Bien entendu, on peut améliorer la réponse en fréquence du classe D en appliquant une rétroaction négative (NFB), mais lorsque le NFB est appliqué, il y a un effet secondaire : un signal sonore est renvoyé de la sortie à l'entrée, ce qui provoque une distorsion dans les transitoires. De plus, l'aplatissement de la phase ne peut pas être réalisé par NFB. 

Pour résoudre ce problème, Technics compense les caractéristiques de gain et de phase en mesurant le gain de sortie et les caractéristiques de phase de l'amplificateur aux bornes des enceintes ce qui lui permet d'adapter une réponse impulsionnelle idéale pour n'importe quelle enceinte : c'est le calibrage "LAPC".

Dans ce processus de calibrage, un TSP (Time Stretch Pulse) est généré par le DSP pour chaque fréquence d'échantillonnage et envoyé à l'étage de puissance. En même temps, le signal aux bornes des enceintes est réinjecté dans le DSP qui calcule les caractéristiques de gain et phase de la différence entre le signal capté et le signal généré. Le coefficient d'annulation de la différence est calculé pour chaque fréquence et stocké dans une mémoire non volatile. Le gain et les caractéristiques de phase sont par la suite adaptées dynamiquement par le DSP, aux enceintes connectées, en utilisant le jeu de coefficients de filtre stockés. Il est ainsi possible d'éliminer l'influence de l'impédance du haut-parleur et d'obtenir des caractéristiques plates de gain et phase. 

De plus, étant donné que l'impédance des enceintes diffère selon le modèle, si un utilisateur acquière de nouvelles enceintes : il peut effectuer le calibrage LAPC à nouveau pour adapter son amplificateur Technics.




A l'écoute avec LAPC et sans LAPC : on constate un changement sensible : plus d'équilibre , plus de profondeur stéréo, meilleur contrôle des basses... pas mal.

Quelques explications techniques sur la technologie Technics : https://www.remusic.it/Digital-Amp-TechnologyWhite-Paper-bae26f00



A l'intérieur du chassis en aluminium, on remarque immédiatement l'alimentation linéaire et son transformateur surdimensionné. Ce gros transfo pourrait alimenter sans broncher un ampli classe A/B de 2x 100W RMS ! C'est assez surprenant de le trouver dans un FDA dont le rendement est environ 2 fois plus élevé qu'un classe A/B. Ca doit lui permettre d'envoyer sans aucun problème dans les 2x 150W sans même solliciter les gros condensateurs d'alimentation : la puissance impulsionnelle est prometteuse, avec une capacité de courant assez démoniaque ... on le vérifiera à l'écoute. On remarque aussi l'électronique de commande, bien séparée de l'électronique de puissance, et les 4 selfs de filtrage de sortie. Une conception irréprochable.

Bon.. ça sonne comment ?

  • Couleur : on retrouve la signature Technics, assez proche de celle de Denon, en plus énergique. Ca donne l'impression de sonner plus doux que le Ayiyma, mais après avoir switché temporairement sur ce dernier : en fait non. Le Aiyima est plus "rond", moins "sec", mais malgré ça le Technics donne une impression de "douceur". C'est très "sec" mais ultra musical. Je dirais que ça sonne "acoustique".

  • Stéréo : Avec la dynamique, c'est le point fort de cet ampli : ultra-large et "profond", beaucoup de détails, plus nuancés que sur le Teac. Le Teac met en avant certains micro-détails que le Technics met légèrement plus au second plan. Au premier abord le Teac est légèrement plus "analytique" mais certainement "moins subtil" et moins "réaliste". Le Technics est un ampli très "intéressant" à écouter. Ca me fait penser au Denon PMA 1055R qui a un peu ce genre de qualité, mais le Technics propose plus de présence à bas volume, et une "dynamique" mieux gérée. Le mot clef c'est "profondeur". Une profondeur stéréo que je n'ai jamais constatée à ce point là sur un ampli en plus de 30 ans d'écoute audiophile. Est-ce du au LAPC avec cette gestion active de la phase des enceintes ? Cette profondeur on la remarque sur tous les enregistrements. Je l'ai entre autres appréciée sur "Annabel" de Goldfrapp




  • Dynamique : c'est un ampli qui a une sonorité plutôt "soft", mais énormément de dynamique et un timing pour ainsi dire parfait. Ce qui surprend au départ c'est l'énergie que vous envoie cet ampli, c'est la première fois que je ressens les impacts de batterie de façon aussi physique et réaliste. Pour tester ça j'utilise parfois "Welcome to the Machine" du Floyd car rares sont les amplis qui arrivent à reproduire l'énergie des passages crescendo.



  • Aigus : rien à dire, c'est parfait, naturels, soyeux, fins, mesurés. Les tweeters titane des enceintes Triangle Genèse aident bien, ceci dit. Néanmoins je peux affirmer que c'est le premier ampli classe D qui me donne autant satisfaction à ce niveau : ça sonne comme un bon classe AB dans l'aigu : très supérieur au Hypex. J'ai notamment écouté "El Tigre" de Louis Winsberg, sur son album d'anthologie "la Dance du Vent" dont les aigus acoustiques sont un bon test de finesse pour n'importe quel ampli ou enceinte.




  • Basses : très bien tenues, le LAPC arrive à faire passer des notes de contrebasse qui sont d'habitude difficiles à reproduire à fort volume sans effet de membrane. On peut le vérifier assez facilement sur le "In The Winlight" de Kurt Elling, l'un des enregistrements comportant l'une des contrebasses les plus "difficiles" à reproduire.




  • Mediums : moins "en avant" que sur certains amplis comme le Teac Hypex que j'ai testé la semaine dernière. C'est plus équilibré, mais un peu moins "in the face" sur les mediums. Très similaire au DENON sur ce registre. mais quel plaisir d'entendre la voix à sa juste place, y compris sur des albums mixés avec la voix devant, comme le "Don't Dream it's Over" de Dianna Krall.




  • Puissance : c'est la bonne surprise ! C'est l'ampli le plus "pêchu" que j'ai eu l'occasion d'écouter sur ces enceintes. Il n'est pas le plus puissant "sur le papier", mais il parvient à sortir un volume vraiment impressionnant sans aucune distorsion. Un ampli "soft" mais quand c'est nécessaire il devient "violent"... ça me fait penser à mon ancien NAD 320, qui avait ce comportement "fougueux" lui aussi... La capacité d'un ampli à produire du volume ne dépend pas "que" de la puissance électrique. Par exemple, il y a 10 ans, j'avais réalisé un test comparatif entre un Atoll IN100 (annoncé 2x100W) et un ROTEL (annoncé 2x45W) : le ROTEL était (considérablement) plus puissant. En dehors de la puissance électrique pure, le paramètre principal c'est la façon dont l'étage de puissance réagit aux variations d'impédance des enceintes, associé à sa capacité de sortir du courant sur impulsion (la variation du Damping Factor est en partie ce qui procure une meilleure efficacité aux amplis à tubes, d'ailleurs). Également très important pour les amplis classe D : la capacité de l'alimentation à maintenir une tension fixe quelle que soit la charge (la tension de sortie des classe D est constante, c'est la densité des impulsions qui fait varier la valeur de tension moyenne résultante après lissage par inductance, aux bornes des HP. 

La puissance acoustique produite par le Technics sans aucune distorsion perceptible est équivalente voir, peut-être, légèrement supérieure à celle du DENON PMA 1055R qui fait environ 2x65W RMS "hifi" sous 8 Ohms. Tout est question du taux de distorsion auquel on décide de mesurer la puissance "max". Notons que Technics annonce environ 0.2% THD de 20Hz à 20KHz à 2x45W/8Ω : ce qui est extrêmement faible comme taux de distorsion (le THD "rated power" annoncé par la quasi totalité des constructeurs est mesuré à 1~5W, et non 45W !! et presque jamais de 20Hz à 20KHz).


C'est un test positif, à chaud :)


Retour après 3 jours d'écoute : vraiment jouissif, je redécouvre ma discothèque et j'écoute des albums que j'avais mis de coté car je n'étais pas convaincu : sur le Technics ils sonnent !!!

Je confirme aussi mon premier jugement concernant la puissance : ça drive aussi fort sinon plus que mes 2 derniers amplis précédents (Denon 1055R et TEAC AX505 Hypex) et en conservant clarté et détachement des instruments !! (avec des pointes impulsionnelles à 150W). Impossible de le pousser à fond sans se faire vraiment mal aux tympans (j'ai testé pas plus de 20 secondes et je suis encore en train de récupérer). 

Aucun doute que la plupart des constructeurs l'annonceraient aux alentours de 2x100W RMS en continu (en plaçant la limite de clipping autour de 1% THD par exemple).

Dans la même la gamme on trouve le Technics R1000. 2x plus puissant que le C700-EG-S, il partage la même construction à chassis haut de gamme en aluminium usiné, une alimentation linéaire également, et coûte un peu plus de 7000€ : c'est le flagship. 

On trouve aussi le G700, aux alentours de 2200€, qui est un peu plus puissant que le C700-EG-S (on gagne 1dB), dispose de quelques fonctionnalités supplémentaires (un EQ), mais dispose d'une chassis classique en acier embouti, et diffère par son alimentation SMPS et non linéaire comme le C700-EG-S (sujet de ce test). On peut d'ailleurs se demander pourquoi une telle différence de prix entre le C700 (1300€) et le G700... à mon avis ce n'est pas le G700 qui est cher, je pense plutôt que c'est le C700 qui est incroyablement bien placé. L'une des raisons serait que l'ampli SU-C700 est la gamme "compacte" de Technics, souvent vendu "packagé" avec le récepteur ST-C700DE-S...

En écoute "tranquille" (c'est à dire : juste assez de volume pour entendre tous les détails) : il sort un peu moins de 0.5W par canal avec des pointes vers 5W, sur mes enceintes de 91dB/1KHz/1W. Vous pouvez sans problème compter sur cet ampli pour driver les enceintes les plus gourmandes jusqu'à des volumes insoutenables sans la moindre distorsion audible.

Ouverture stéréo inouïe, spatialisation et profondeur incroyables, puissance, impact et dynamique spectaciulaires, douceur, distorsion harmonique extrêmement faible :  c'est du cristal. Clairement meilleur que tous les amplis que j'ai écouté depuis 30 ans. 

Cet ampli a tout ce dont on peut rêver pour un ampli très haut de gamme . A 1300€ le rapport qualité/prix est vraiment exceptionnel. Il combine les qualités des meilleurs classe A/B du marché, et les qualités des meilleurs FDA.




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